L’anacarde ou (noix de) Cajou

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L’anacarde est un fruit provenant du Brésil (Amérique du sud) qui est arrivé au Bénin pour la première fois en 1960. Quelques années de plantation plus tard, le secteur de l’anacardier s’est alors illustré comme une contribution économique importante et l’Etat s’y est impliqué pour sa culture et sa commercialisation. Le secteur, devenu donc un des secteurs vivriers importants du Bénin, a connu auusi bien des périodes de gloire que d’amertume de 1963 à nos jours. 

Malgré les efforts répétés des gouvernants successifs pour faire rayonner ce secteur, celui-ci ne semble ps concrétiser les espoirs placés en lui et peine à se hisser au titre des meilleures cultures du Bénin à l’image du Coton. Mais depuis 2016, suite à l’arrivée au pouvoir du régime dit de « nouveau départ » avec à sa tête le Président Patrice TALON, le secteur de l’anacarde semblerait lui aussi connaitre un nouveau départ.

Pour mieux comprendre le secteur de l’anacarde au Bénin, il est nécessaire de faire un bref rappel de son histoire depuis les indépendances jusqu’à nos jours, de faire le point de son état actuel et aussi d’énumérer les conditions de sa transformation ainsi que de sa commercialisation.

Anacarde Cajou sur l'anacardier

Historique de l’anacarde au Bénin

L’anacarde encore appelé noix de cajou ou acajou (langue fon) est le fruit de l’arbre appelé anacardier (nom scientifique : anacardium occidentale). Cet arbre est originaire de l’Amérique tropicale (Brésil). L’anacarde est produit au Bénin du Nord au sud avec pour limites, au Sud Abomey dans le Zou et au Nord Gamia dans le Borgou à cause du climat favorable dans ces différentes zones.

Après l’accession à la souveraineté internationale de la République du Bénin, ex Dahomey, le pays s’était lancé à la recherche des produits tropicaux ou des plantations pour faire évoluer son économie principalement dépendante de l’agriculture c’est ainsi que l’anacarde fut implanté en 1960 en provenance du Brésil. Les premières plantations ont donc eut lieu au Bénin en 1963 avec pour but la protection de l’environnement. 

En raison de sa double fonction qui est nutritionnelle et contributive à l’économie, l’Etat béninois s’est intéressé à l’organisation du secteur dès 1967 avec l’installation des plantations domaniales. Cette prise en charge par l’Etat s’est faite en collaboration avec des structures telles que la Société Nationale pour le Développement Forestier (SNAFOR) en 1967, Société Nationale des Fruits et Légumes (SONAFEL) en 1982 et ensuite le Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER). Ces campagnes d’exploitations de dizaines de milliers d’hectares dans les Départements du Zou, des Collines, de l’Alibori, du Borgou, de l’Atacora et de la Donga ont permis d’atteindre plusieurs tonnes d’anacarde.

Néanmoins, toutes ces méthodes d’exploitation adoptées par l’Etat béninois ont connu des limites et ont été abandonnées au profit de la gestion par la population elle-même. Cette autogestion est une démission de l’Etat qui n’a pas pu amener l’anacarde au niveau du coton par exemple. Résultat, le secteur a été délaissé par l’Etat à la fin du 20e siècle et au début du siècle suivant.

Toutefois, à partir de 2006 avec le changement de régime politique au profit de celui de Thomas BONI YAYI, de maigres efforts ont été faits pour redonner vie à ce secteur mais les résultats ont été aussi à la taille de ceux-ci.

Par contre, soucieux du développement de ce secteur, les autorités gouvernantes installées à la tête de notre pays depuis avril 2016 ont entrepris des réformes salvatrices dans le domaine convaincu de ce que seules les réformes peuvent réanimer ledit secteur. il est donc opportun aujourd’hui d’affirmer que le développement du secteur de l’anacarde est sur la bonne voie.

Filière anacarde au Bénin, quel est l’état actuel ? 

La bonne nouvelle pour la filière au Bénin est que le gouvernement béninois actuel a placé ce secteur dans les projets phares de son PAG (programme d’action du gouvernement) parmi les 5 filières prioritaires. Le Bénin est aussi accompagné par le Bureau International du Travail et l’Union Européenne qui le soutiennent dans la réalisation des objectifs fixés dans ce secteur. 

En matière de production, le Bénin a fixé comme objectif d’accroitre sa productivité pour concurrencer la côte d’Ivoire (première productrice africaine) sur le marché d’exportation. Le pays veut porter sa production annuelle à 300.000 tonnes contre 125.000 tonnes en 2016. Ce qui représentait 8/100 de la production ouest-africaine.

Paradoxalement, depuis 2017 le Bénin a connu une relative amélioration de la productivité malgré la réorganisation du secteur. Sa quantité de production varie entre 10.000 et 200.000 tonnes de 2017 à 2019. Ce qui rend plus difficile l’atteinte des 300.000 tonnes prévues pour 2021.

Les moyens de transformation de la filière anacarde

Pour la transformation des noix de cajou brutes produites au Bénin, plusieurs méthodes sont utilisées dont celle traditionnelle par les paysans et celle moderne avec l’appui de l’Etat et des partenaires.

  • Méthodes traditionnelles de transformation

Cette méthode pratiquée couramment par les paysans producteurs de l’anacarde consiste tout d’abord à cueillir l’anacarde de son arbre anacardier en grimpant sur l’arbre ou à l’aide d’un bâton. 

Ensuite les noix d’acajou sont détachées de la pomme et sécher au soleil pendant quelques jours. Une fois séchées, ces noix sont brulées grâce à un grillage qui rend la coquille destructive. 

Enfin il faut enlever la coquille à l’aide d’un caillou ou un petit marteau pour enfin retirer l’amande. C’est la partie qui nécessite beaucoup plus l’intervention de la main-d’œuvre. Ce qui contribue à la réalisation du marché de l’emploi

Cette méthode traditionnelle nécessite beaucoup plus de temps et peut causer plusieurs pathogènes à cause des méthodes de brulure non recommandables. Les sensibilisations sont faites dans ce sens.

  • Méthodes modernes de transformation

Cette méthode de transformation moderne est rare au Bénin à cause surtout de la faible capacité de production. Cette méthode consiste d’abord à l’implantation des usines de transformation sur le territoire béninois. Mais pour faire tourner une usine de transformation d’anacarde, il faut d’abord une certaine quantité de production sinon les efforts de l’usine ne seront pas rentabilisés.

Malgré cet état de choses, quelques usines de transformation prennent le risque de s’installer pour stimuler la production à grande échelle. C’est le cas par exemple du Fludor Bénin, filiale locale du holding nigérian Tropical General Investment (TGI), installé à Zogbodomey dans le département du Zou Bénin, au nord de Cotonou. Cette usine a réalisé un lourd investissement de 7 milliards de F CFA, dont 3 milliards sur fonds propres. En un an de production, la capacité de production de Fludor Bénin a doublé passant de 6 000 à 12 000 tonnes, et est portée à 18 000 tonnes en 2018. Quant à la quantité décortiquée, elle a atteint déjà 15 000 t en 2018.

En dehors de Fludor Bénin, certaines usines existent encore dont Bénin Cashew à Parakou, à Tchaourou et une unité de production à Bassila.

Anacardes noix de cajous rotis

La commercialisation de l’anacarde 

La commercialisation de l’anacarde au Bénin se fait à l’intérieur et à l’extérieur (exportation) aussi.

  • Commercialisation à l’intérieur du pays

Après l’étape de la transformation de l’anacarde brute en amande, il faut maintenant aller sur le marché de vente. Les petits producteurs, n’ayant pas assez de stocks pour servir les exportateurs, vendent sur le marché béninois. Les prix de vente par les producteurs sont fixés en conseil des ministres  par l’Etat béninois. En 2016, le cout était à 500F CFA par kilogramme. Un prix plus motivateur que la plupart des pays concurrents dont la Côte-d’Ivoire qui a fixé son prix à 450 F CFA. Le prix était fixé à 400 F CFA le kilogramme en 2019. Cette baisse de prix est due aux problèmes que rencontre la filière sur le marché international avec un fort taux de stockage non écoulé. Pour l’année 2020, le prix est fixé à 325 FCFA par le gouvernement béninois.

Ces produits  se retrouvent sur le marché national, dans les supermarchés, les petites boutiques de quartier et même dans les feux tricolores des carrefours de ville. les prix sont souvent abordables et varient de 100 F CFA à 3500 F CFA. 

  • Commercialisation à l’extérieur du Bénin (Exportation)

L’exportation de l’anacarde se fait au Bénin vers le continent asiatique (l’Inde et le Vietnam) et européen. Le Bénin étant un petit pays en voie de développement, il bénéficie des mesures douanières particulièrement avantageuses des noix brutes de cajou (NBC) vers certains pays où la demande est importante. Ce qui l’avantage par rapport à certains concurrents dont le Nigeria, la Côte-d’Ivoire et le Ghana. Plusieurs ressortissants des pays asiatiques se sont installés au Bénin dans le seul but de collecter les anacardes et de les expédier au pays.


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À propos de l'auteur

Lionel

Auteur du blog Visiter le Bénin. Lit beaucoup, adore voyager et ne passe pas une journée sans apprendre quelque chose.


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